Trois personnes ont été tuées et une vingtaine d’autres, dont 15 élèves, enlevées dans un collège agricole de l’État de Zamfara par des hommes armés, dernière en date d’une série d’attaques de ce genre depuis plusieurs mois au Nigeria.
Les enlèvements de masse contre rançon dans le nord et le centre font désormais les gros titres presque chaque semaine dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
Les écoles ciblées par les bandes criminelles se trouvent généralement dans des zones reculées en brousse, où les étudiants logent dans des dortoirs avec quelques gardiens pour toute sécurité.
« Des hommes armés non identifiés ont attaqué l’école vers 22H00 (21H00 GMT) dimanche », a déclaré à l’AFP un responsable, Aminu Khalid Maradun. « Ils ont tué trois personnes (…) et en ont enlevé 20, dont 15 élèves ».
Les cinq autres personnes enlevées sont des employés et des membres de leurs familles.
« J’ai quitté l’école dimanche vers 17h30 (16H30 GMT) (…) ce matin, un ami m’a appelé pour me dire que des bandits avaient attaqué l’école dans la nuit. Ils ont tué des gens et en ont kidnappé beaucoup », a témoigné Usman Usman, un étudiant récemment diplômé de 22 ans.
Un autre responsable scolaire a confirmé l’attaque qui s’est produite au Collège d’agriculture et de sciences animales, dans l’Etat de Zamfara, dans le nord-ouest du pays.
« Les hommes armés sont entrés de force dans l’école (…) et ont emmené les otages », a déclaré à l’AFP Abdullahi Aminu, en charge de l’hébergement au sein de l’établissement.
« Ils ont tué trois membres du personnel de sécurité dans une fusillade », a-t-il précisé.
L’école a reçu un appel téléphonique des ravisseurs lundi matin, affirmant qu’ils détenaient 20 otages, selon M. Aminu.
– Affrontements avec la police –
Selon la police, 15 étudiants ont été enlevés lors de l’attaque, mais seuls quatre employés ont été enlevés — et trois d’entre eux ont pu être « secourus » par la suite lorsque la police a fouillé la zone.
« Quinze étudiants et quatre membres du personnel ont été enlevés par les bandits », a ainsi déclaré le porte-parole de la police locale, Mohammed Shehu, dans un communiqué lundi.
Les forces de sécurité ont « affronté lourdement » les assaillants dimanche soir, a précisé M. Shehu, ajoutant qu’un « inspecteur de police » et deux « agents de sécurité civils ont perdu la vie ».
Cet enlèvement constitue le dernier épisode d’une vague de kidnappings de masse par des bandes criminelles lourdement armées dans le nord et le centre du Nigeria.
Ces « bandits », comme on les appelle localement, attaquent généralement les villages pour piller, voler du bétail et enlever des civils pour réclamer des rançons mais depuis le début de l’année, ils s’en prennent de plus en plus souvent aux écoles et aux collèges.
Ils opèrent à partir de camps situés dans la forêt de Rugu, qui s’étend sur les Etats nigérians de Zamfara, Katsina, Kaduna et du Niger.
Près de 1.000 étudiants et élèves ont été enlevés dans différents Etats du Nigeria depuis décembre 2020, selon l’ONU.
La plupart ont été libérés après des négociations avec les autorités locales, mais certains restent aux mains de leurs ravisseurs.
Le dernier enlèvement de masse remonte à juillet, lorsque des hommes armés ont kidnappé 121 élèves du lycée baptiste Bethel, dans l’État de Kaduna.
L’insécurité grandissante est devenue un véritable fléau ces derniers mois au Nigeria, et le gouvernement du président Muhammadu Buhari est très critiqué pour son impuissance à ramener l’ordre malgré le déploiement de l’armée dans les régions troublées.
Ces enlèvements semblent avant tout motivés par l’appât du gain, sans idéologie particulière, mais pluieurs d’experts s’inquiètent du possible rapprochement des groupes jihadistes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), en conflit avec l’armée nigériane depuis plus de 12 ans dans le nord-est du Nigeria, avec les groupes criminels du nord-ouest.