Vingt jours ! C’est le temps qu’il aura fallu pour que le Bureau de la Chambre haute de la République démocratique du Congo parvienne à finalemnt obtenir la levée de l’immunité parlementaire du sénateur Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre et ministre des Finances du temps de la toute-puissante Kabilie.
Le 15 juin dernier, le Sénat en plénière avait refusé de voter la levée de l’immunité d’un des hommes forts du Maniema.
Un rapport de l’inspection générale des finances (IGF) pointait la responsabilité de l’ancien Premier ministre comme « auteur intellectuel du Parc Agro-Industriel de Bukanga Lonzo ». Il est aussi accusé d’avoir détourné plus 7 millions de dollars pour l’achat de matériels agricole qui, selon l’IGF n’ont jamais été fournis.
En fait, c’est toute l’opacité de la gestion des budgets autour de ce parc agro-industriel qui n’a jamais réellement fonctionné et qui a coûté des dizaines de millions aux caisses de l’Etat congolais qui est reproché à Augustin Matata Ponyo.
Pour sa défense, l’homme à l’éternelle cravate rouge et ses défenseurs avaient expliqué que la vraie débâcle de Bukanga Lonzo était intervenue après son départ de la Primature en décembre 2016.
Zaïrianisation
Aujourd’hui, l’ancien Premier ministre est poursuivi pour le dossier concernant le dédommagement des victimes de la zaïrianisation, ces mesures économiques prises en 1973 et 1974 par lesquelles les expatriés avaient vu leurs biens – meubles et immeubles – confisqués.
Plus de 300 personnes auraient été concernées par ces dossiers alors que Matata Ponyo était à la tête du ministère des Finances.
Plus de 100 millions de dollars et de 27 millions d’euros ont été décaissés sur ordre du ministre des Finan ces pour dédommager ces personnes lésées par la politique mobutiste de la zaïrianisation.
Souci, de taille, selon le réquisitoire, les différentes enquêtes menées au sein de la Direction de de Gestion de la Dette Publique (DGDP) n’ont jamais réussi à mettre la main sur ces 300 créanciers qui auraient perdu leurs biens meubles et immeubles. Un constat surprenant qui avait déjà poussé, à l’époque, le Procureur Général près la Cour de cassation à ouvrir un dossier contre M. Mapon.
Si le Premier ministre avait réussi à convaincre suffisamment « d’amis » de ne pas le lâcher en plénière le 15 mai, quel que soit le dossier à sa charge, il savait pertinemment que le Bureau du Sénat, qui allait être seul aux affaires durant les vacances parlementaires serait moins « compréhensif ».
Après avoir obtenu un premier report d’audience, l’ancien Premier ministre était de retour devant le Bureau du Sénat ce lundi 5 juillet. En moins de deux heures son sort était réglé et le président du Sénat Modeste Bahati pouvait annoncer la levée de l’immunité parlementaire de Matata et l’autorisation des poursuites par le Procureur général près la Cour Constitutionnelle.