Par Marie-France Cros
Au début de cette semaine, l’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour la réponse contre le Covid, Strive Masiyiwa, s’en est pris au système Covax mis sur pied par l’Organisation mondiale de la Santé pour donner gratuitement des vaccins anti-Covid aux pays en voie de développement. Selon ce milliardaire zimbabwéen, les donateurs n’ont pas fourni au système le nombre de doses promis. Seules 90 millions de doses de vaccin auraient ainsi été distribuées.
Et de s’en prendre aux Européens: “Pas une dose, pas une ampoule n’a quitté une usine européenne pour l’Afrique”.
Selon les informations recueillies par La Libre Belgique, c’est formellement exact “mais il joue sur les mots”.
En effet, les Européens ont financé le don au système Covax de doses de vaccin AstraZeneca (le plus facile à conserver dans des pays qui manquent d’installations préservant la chaîne du froid) fabriqué sous licence par l’Inde, sous le nom de Covishield. Et ce sont ces doses qui forment la plus grande partie des distributions au titre du système Covax, tandis que l’Europe utilise des vaccins fabriqués en Europe.
Celle-ci a été jusqu’ici la région la plus durement frappée par la pandémie avec les Amériques.
Pass Covid incomplet
Le système rencontre cependant un problème. Pour relancer la circulation des personnes sur son territoire, l’Union européenne a lancé, ce 1er juillet, le “Pass Covid”. Pour ce faire, l’Agence européenne des médicaments accepte plusieurs vaccins – mais pas Covishield. Pourquoi? Parce que le dossier n’a pas été introduit auprès de l’agence, ce vaccin sous licence n’étant au départ pas prévu pour l’Europe, nous indique une source bien informée.
Or, faute de cette approbation, des pays européens ne reconnaissent pas non plus le Covishield et des Africains dûment vaccinés par celui-ci risquent donc de ne pas se voir autorisés à entrer dans certains pays européens. Ainsi, selon nos informations, la Belgique ou la Suisse l’acceptent, mais pas la France.
Les vaccins anti-Covid de la RDC redirigés vers d’autres pays
L’Afrique – continent le moins frappé par la pandémie jusqu’ici – connaît le début d’une troisième vague de Covid “extrêmement agressive”, alors que ses installations hospitalières sont très peu développées. Plusieurs chefs d’Etat, en outre, nient ou ont nié la gravité de la pandémie, tandis que d’autres, comme le président congolais Félix Tshisekedi, freinent des quatre fers devant la vaccination. Alors qu’il avait boycotté le lancement officiel de la campagne congolaise de vaccination, le 19 avril, il a encore affirmé cette semaine dans une interview à Top Congo et la RTNC: « J’ai eu raison de ne pas me faire vacciner à l’AstraZeneca. D’ailleurs je n’étais pas convaincu ».
Rappelons que c’est le gouvernement Tshisekedi qui a choisi le vaccin AstraZeneca. Il en a reçu 1,7 million de doses, du système Covax, mais n’a procédé qu’à 51.000 injections jusqu’ici. En mai dernier, l’OMS et l’Unicef ont donc renvoyé 1,3 million des doses de la RDC vers d’autres pays d’Afrique, afin de les utiliser avant qu’elles soient périmées.