Le Congo traîne des pieds pour lutter contre le Covid-19

Le Congo traîne des pieds pour lutter contre le Covid-19

Par Marie-France Cros.

Le Congo se joint-il au Burundi de feu Pierre Nkurunziza et à la Tanzanie de feu John Magufuli – deux Présidents décédés ces derniers mois après suspicion de Covid-19 – comme mauvais élèves de la lutte contre la pandémie ? C’est ce que commencent à redouter des observateurs, alors que l’ancienne colonie belge traîne les pieds pour vacciner sa population.

L’Ouganda a déjà procédé à 850 000 injections de vaccin, le Rwanda à 450 000 et le Kenya à 1,3 million. Le Congo, lui, n’a injecté jusqu’ici que… 42 000 doses.

Même si l’Afrique est un des continents les moins touchés par la pandémie (à l’exception de la Tunisie, du Maroc, de l’Afrique du Sud et de l’Égypte), une accélération de la contamination y est observée. Notamment à Kinshasa. Ainsi, alors qu’on déplorait un décès par Covid-19 tous les trois jours au printemps dernier, on est passé à un par jour début juin et on en est à 7 par jour aujourd’hui.

Bien sûr, ces chiffres sont loin de ceux qu’ont atteints l’Europe ou les Amériques. Mais l’organisation médicale de l’État au Congo est bien plus médiocre et aujourd’hui déjà on refuse des gens dans les hôpitaux.

Pas de lancement de la campagne

Le variant indien circule largement, frappant une population plus jeune que la première version du coronavirus. Or, les jeunes Congolais ne peuvent se faire vacciner sans “tricher”.

Le discours officiel envers l’épidémie est en effet ambigu. Contrairement à plusieurs autres pays, les autorités ne font rien pour lancer sérieusement la campagne de vaccination.

Le 2 mars, Kinshasa a reçu 1,7 million de doses d’AstraZeneca (le vaccin qu’elle avait choisi parce que plus facile à utiliser dans un pays sans infrastructures) gratuites et annoncé le début des vaccinations pour le 15 mars. Ce lancement fut ensuite reporté au 19 avril. Le 19 avril, toutefois, le Président ne s’est pas déplacé pour la cérémonie comme prévu (il se dit qu’il agit ainsi en conformité avec les croyances des évangélistes de son entourage, anti-vaccins pour “ne pas aller contre la volonté de Dieu”, et cela malgré plusieurs décès parmi ses proches), ni les autorités annoncées, à l’exception du ministre de la Santé du gouvernement Ilunga sortant, le Dr Eteni Longondo. Le lancement de la vaccination, du coup, fut un “flop”.

Malgré le peu d’injections pratiquées, les autorités n’ont toujours pas autorisé la vaccination des moins de 55 ans sans co-morbidité. En mai, l’OMS et l’Unicef avaient redirigé 1,3 million des doses données au Congo vers d’autres pays, pour éviter de devoir les jeter.

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