Editorial par Marie-France Cros.
Il y a 60 ans, le 30 juin 1960, le Congo accédait à l’indépendance. Ce fut, on le sait, une indépendance mal préparée qui, très vite, tourna au vinaigre.
Depuis lors, le temps du bonheur des Congolais se résume à quelques-unes des années de la dictature Mobutu – pour ceux qui ne faisaient pas les frais de la répression – quand l’Etat vivait sur ses réserves, quand le Président distribuait des liasses de billets à chaque déplacement, quand les Congolais donnaient libre cours à leur sens de la fête et que Kinshasa se gagnait le surnom de “Kin kiese”, “Kin-la-joie”. Mais le temps des cigales ne dure qu’un été.
Depuis, un hiver socio-économique de plus en plus rude est tombé sur le Congo. De temps en temps, il y a une légère remontée de la température qui réveille l’espoir, mais le pays en est toujours à attendre une belle saison.
Soixante ans après l’indépendance, il est vain d’en faire encore le reproche au seul colonisateur belge, dont l’héritage comptait du négatif (une économie extravertie, de nombreuses humiliations) comme du positif (des écoles, des routes, un système de santé).
Si le Congo va mal, aujourd’hui, c’est parce qu’il attend toujours un Président qui soit respectueux des règles et dévoué aux Congolais. C’est parce que ces derniers acceptent à leur tête non celui qu’ils ont élu mais celui qu’a choisi le dictateur qu’ils prétendaient chasser. C’est parce que chacun dénonce les méfaits des autres sans hésiter à les imiter. C’est parce que la plupart des Congolais se comportent en leur pays comme des squatters dans une maison abandonnée: sans y investir durablement, car personne n’a aussi peu confiance dans le Congo que ses propres citoyens.
Pour construire le “Congo plus beau qu’avant” promis par l’hymne national, il faut se souvenir que la prospérité de tous se construit par tous.
RDC 60 ans d’indépendance: un témoin raconte un moment historique: la Table ronde