En trois volets, riches en témoignages, films et photos d’archives, cette série documentaire, coproduite avec Arte et la RTS du Sénégal, salue les hommes et les femmes qui, dès 1854, en Afrique et en Asie, se sont soulevés contre les colons. Décolonisations*** est à voir ce lundi à 20h35 sur La Trois RTBF. Le documentaire est aussi disponible sur Auvio et Youtube.
« Au début, on n’a pas le choix, on se soumet pour ne pas mourir comme les autres […] qui n’ont pas compris assez vite que toute résistance était vaine. Et on se met à étudier ces êtres étranges qui pensent que la force de la technique suffit pour avoir raison. Un jour, les pouvoirs du colon cessent de nous impressionner. De Nairobi à Saïgon, on se redresse pour planter fermement nos yeux dans les siens. Du Gange au Congo, on se rappelle que les graines de la révolte ont été semées dès le début. Que la décolonisation a commencé au premier jour de la colonisation. »
En Inde, en Indochine, en Afrique subsaharienne, au Maghreb et même en Europe, certains ont pris conscience de ce que la colonisation signifie. Chefs de guerre, militants, artistes se sont organisé pour renverser cette domination.
En trois épisodes, les auteurs Karim Miské, Marc Ball et l’historien Pierre Singaravélou ont rassemblé les expériences de ces hommes et de ces femmes et construit un récit choral mêlant les trajectoires de divers héros de la lutte anticoloniale toutes nationalités confondues.
Soutenue par un impressionnant travail de recherche et de montage d’archives inédites, cette série documentaire retrace une épopée oubliée. Une histoire racontée, pour une fois, du point de vue des premières personnes concernées : les anciens colonisés.
Savant mélange de films d’archives et de fiction, de tableaux, de photos et de films d’animation, le premier épisode retrace les luttes embryonnaires qui, en Inde, en Afrique, en Jamaïque, à Bornéo et en Cochinchine, ont démarré dès la fin du XIXe siècle. Alors que le deuxième volet s’intéresse au destin de l’Algérie, du Sénégal, du Vietnam, de l’Inde et du Kenya. Une série dans laquelle on croise les trajectoires de Gandhi, Kateb Yacine, Frantz Fanon ou Patrice Lumumba.
Racontée par Reda Kateb, la série rappelle que de nombreux peuples ont eu leur héros ou héroïne précurseurs. Pas seulement sur le terrain de la guerre mais aussi sur celui des idées : tel l’anthropologue haïtien Anténor Firmin qui lutta contre les préjugés racistes basés sur l’étude des crânes avec sa publication De l’égalité des races humaines dénonçant les croyances qui légitimaient l’esclavage et le colonialisme.
Luttes et écrits des héros oubliés
Avec une formidable bande-son, rappelant les origines et horizons multiples des populations opprimées, la série est également servie par le pouvoir évocateur des animations signées Olivier Marquézy. Elles ont notamment permis de retracer le parcours de la Kényane Mary Nyanjiru et une partie de celui de Lamine Senghor, jeune tirailleur sénégalais devenu communiste et anticolonialiste.
En trois parties, diffusées le lundi à 20h35 sur La Trois, un pan d’histoire méconnu est ainsi remis en lumière à l’heure du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo (RDC).
Karin Tshidimba