« Le nouveau laboratoire, qui entre en fonction ce vendredi 29 mai, pourra effectuer jusqu’à 10.000 analyses par jour. À terme, 60 pour cent de sa capacité sera réservée aux besoins nationaux et 40 pour cent sera mis à la disposition de nos voisins de la région au gré de leurs besoins”, explique Jessye Ella Ekhoga, le porte-parole de la présidence du Gabon.
Un “super laboratoire”, financé sur fonds propres, qui sera installé au sein du Palais des Sports de la capitale Libreville. Coût de l’opération : environ 3 milliards de francs CFA (un peu plus de 4 millions de dollars) .
“Nous avons opté pour cette localisation pour des raisons pratiques. Le palais des Sports nous permettait de disposer d’un grand espace qui n’était de toute façon pas utilisé pour l’nstant. Il s’agit d’une enceinte fermée, facile à sécuriser et disponible”, poursuit M. Ekhoga qui explique encore qu’il ne s’agit pas d’un investissement temporaire. Des bâtiments seront construits pour accueillir ce laboratoire dans un futur proche.
Objectif de ce laboratoire : étoffer la capacité du Gabon pour répondre à la pandémie de Covid-19. “Nous allons donc pouvoir multiplier les tests, ce qui va nous permettre de réagir plus rapidement afin de soigner les personnes infectées mais aussi pour limiter les risques de contamination en isolant plus rapidement les personnes à risque”, continue le porte-parole de la présidence.
Autre objectif avoué, faire baisser le coût des analyses qui sont souvent confiés à des laboratoires privés.
Jusqu’à l’inauguration de ce laboratoire, le Gabon réalisait approximativement 800 tests par jour, un nombre qui plaçait déjà le pays dans le top 10 des États africains les plus actifs face à a pandémie avec un taux de mortalité de 0,7 pour cent largement inférieur à la moyenne africaine de 2,8.
Une réponse régionale
Le Gabon est sans conteste un des bons élèves du continent face à cette pandémie. “On a osé confiner de manière stricte au début de la crise. Cela nous a certainement permis d’éviter que nos installations hospitalières soient saturées. Depuis un certain temps, nous avons pu desserrer un peu l’étau mais nous demeurons très prudents. Ce nouvel outil, placé entre les mains de 70 Gabonais spécialement formés pour le faire fonctionner, doit renforcer notre capacité face à cette maladie et aux éventuelles prochaines menaces sanitaires. Nous avons aussi compris depuis longtemps que nous ne pouvons pas vivre isolés du monde, c’est pourquoi une partie de notre nouveau laboratoire sera mis à la disposition de nos voisins”, poursuit encore M. Ekogha. Une solidarité régionale particulièrement bienvenue dans un coin du continent africain aussi exposé que démuni face aux pandémies avec des voisins comme la Guinée Equatoriale, la Républiqe du Congo, le Cameroun ou, un peu plus loin, la République centrafricaine ou la République démocratique du Congo. Dans ce dernier État, les tests sont réalisés à Kinshasa. Une personne testée à Lubumbashi doit donc attendre une semaine avant d’obtenir un résultat de son analyse. “C’est beaucoup trop lent et trop coûteux”, explique un Lushois quelque peu interpellé par la faiblesse des moyens mis à la disposition des infrastructures de santé en RDC.
Les analyses effectués par le laboratoire gabonais ne seront pas gratuits pour ces voisins. « Il faut que le projet soit viable économiquement mais il ne s’agit pas de dégager de plantureux bénéfices », conclut M. Ekogha.