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Par Marie-France Cros.
Les autorités éthiopiennes indiquent qu’une réunion tripartite qui s’est tenue samedi à Addis Abeba au sujet des eaux du Nil s’est conclue par un « consensus pour poursuivre les réunions techniques trilatérales ». Une étape importante dans un conflit qui pourrait dégénérer.
Ces rencontres concernent l’impact du barrage éthiopien « Grand Renaissance », sur le Nil bleu – affluent éthiopien qui fournit plus de 80% des eaux du Nil – sur la fourniture en eau des deux pays en aval, le Soudan (où le Nil bleu et le Nil blanc se rejoignent pour former le Nil) et l’Egypte.
Statu quo léonin
Le Caire veut conserver le statu quo actuel – bien que son immobilisme rende déjà critique l’accès à l’eau de ses habitants – en arguant d’un traité de 1929 qui lui octroyait la part du lion des eaux du Nil, traité que l’Ethiopie n’a pas signé. A l’époque, la Grande-Bretagne, qui avait autorité sur l’Egypte et d’autres pays riverains du Nil, avait choisi de privilégier la première : le traité de 1929 interdisait toute construction hydroélectrique et tout plan d’irrigation sur les affluents du Nil et ses lacs, dans les pays riverains, sans le consentement du Caire.
Le Soudan, allié traditionnel de l’Egypte, espère bénéficier du barrage éthiopien; celui-ci régulera les caprices du Nil bleu, qui provoque régulièrement des inondations, et devrait permettre une irrigation mieux contrôlée; Khartoum compte aussi acheter du courant à l’Ethiopie.
Addis Abeba a besoin d’énergie pour se développer et subvenir aux besoins de ses 85 millions d’habitants et compte sur ce barrage pour répondre à ses besoins et vendre du courant à ses voisins. D’autres pays en amont du Nil – en particulier le Kenya, la Tanzanie (qui souhaitent développer des projets pour avoir de l’eau potable) et l’Ouganda (qui veut de l’électricité) – soutiennent la position éthiopienne parce qu’ils ont, eux aussi, besoin de leurs eaux pour se développer. Une demi-douzaine des dix pays riverains ont signé en 2010 et 2011 un Accord-cadre de coopération en vue de créer une Commission du bassin du Nil, qui gèrera le fleuve « notamment l’utilisation équitable et raisonnable des eaux ».
Inertie et menaces
Après avoir longtemps opposé sa force d’inertie et des menaces de guerre aux projets éthiopiens sur le Nil bleu, Le Caire a changé de tactique en octobre dernier pour réclamer une « médiation internationale » dont il espère qu’elle lui sera favorable, grâce au poids de certains de ses alliés, alors que l’Egypte est isolée parmi les pays riverains du Nil. Début novembre, une réunion à Washington entre les trois principaux pays protagonistes s’est conclue par l’annonce de nouvelles réunions. Ce sont celles-ci qui ont été programmées par la rencontre de samedi à Addis.
Les trois « grands » ont convenu de tenir quatre réunions « techniques » entre leurs ministres chargés de l’eau et de travailler à un accord pour le 15 janvier 2020, après des réunions le 9 décembre et le 13 janvier à Washington pour évaluer les progrès accomplis.
Le ministre éthiopien de l’Eau, le Dr Seleshi Bekele, a annoncé la fin de la construction du mur de barrage, haut de 50 m et long de 5,2 km; les travaux sont désormais terminés à 68%, indiquent les autorités éthiopiennes.
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Par Marie-France Cros.
Les autorités éthiopiennes indiquent qu’une réunion tripartite qui s’est tenue samedi à Addis Abeba au sujet des eaux du Nil s’est conclue par un « consensus pour poursuivre les réunions techniques trilatérales ». Une étape importante dans un conflit qui pourrait dégénérer.
Ces rencontres concernent l’impact du barrage éthiopien « Grand Renaissance », sur le Nil bleu – affluent éthiopien qui fournit plus de 80% des eaux du Nil – sur la fourniture en eau des deux pays en aval, le Soudan (où le Nil bleu et le Nil blanc se rejoignent pour former le Nil) et l’Egypte.
Statu quo léonin
Le Caire veut conserver le statu quo actuel – bien que son immobilisme rende déjà critique l’accès à l’eau de ses habitants – en arguant d’un traité de 1929 qui lui octroyait la part du lion des eaux du Nil, traité que l’Ethiopie n’a pas signé. A l’époque, la Grande-Bretagne, qui avait autorité sur l’Egypte et d’autres pays riverains du Nil, avait choisi de privilégier la première : le traité de 1929 interdisait toute construction hydroélectrique et tout plan d’irrigation sur les affluents du Nil et ses lacs, dans les pays riverains, sans le consentement du Caire.
Le Soudan, allié traditionnel de l’Egypte, espère bénéficier du barrage éthiopien; celui-ci régulera les caprices du Nil bleu, qui provoque régulièrement des inondations, et devrait permettre une irrigation mieux contrôlée; Khartoum compte aussi acheter du courant à l’Ethiopie.
Addis Abeba a besoin d’énergie pour se développer et subvenir aux besoins de ses 85 millions d’habitants et compte sur ce barrage pour répondre à ses besoins et vendre du courant à ses voisins. D’autres pays en amont du Nil – en particulier le Kenya, la Tanzanie (qui souhaitent développer des projets pour avoir de l’eau potable) et l’Ouganda (qui veut de l’électricité) – soutiennent la position éthiopienne parce qu’ils ont, eux aussi, besoin de leurs eaux pour se développer. Une demi-douzaine des dix pays riverains ont signé en 2010 et 2011 un Accord-cadre de coopération en vue de créer une Commission du bassin du Nil, qui gèrera le fleuve « notamment l’utilisation équitable et raisonnable des eaux ».
Inertie et menaces
Après avoir longtemps opposé sa force d’inertie et des menaces de guerre aux projets éthiopiens sur le Nil bleu, Le Caire a changé de tactique en octobre dernier pour réclamer une « médiation internationale » dont il espère qu’elle lui sera favorable, grâce au poids de certains de ses alliés, alors que l’Egypte est isolée parmi les pays riverains du Nil. Début novembre, une réunion à Washington entre les trois principaux pays protagonistes s’est conclue par l’annonce de nouvelles réunions. Ce sont celles-ci qui ont été programmées par la rencontre de samedi à Addis.
Les trois « grands » ont convenu de tenir quatre réunions « techniques » entre leurs ministres chargés de l’eau et de travailler à un accord pour le 15 janvier 2020, après des réunions le 9 décembre et le 13 janvier à Washington pour évaluer les progrès accomplis.
Le ministre éthiopien de l’Eau, le Dr Seleshi Bekele, a annoncé la fin de la construction du mur de barrage, haut de 50 m et long de 5,2 km; les travaux sont désormais terminés à 68%, indiquent les autorités éthiopiennes.