Dans un pays confronté aux changements climatiques, l’agriculture durable peut être une alternative.
Dans le village de Boukoumbé, au Nord du Bénin, le ciel brumeux n’empêche pas le soleil de taper en cette après-midi de février, cœur de la saison sèche où l’harmattan souffle un air sec et chargé de poussière. Des champs s’étendent à perte de vue. Quelques enfants saupoudrés de terre de la tête aux pieds courent pour accueillir la vingtaine d’Européens venus rencontrer ces agriculteurs qui s’essaient à la permaculture, concept défini par “Le Petit Robert” comme un “mode d’aménagement écologique du territoire, visant à concevoir des systèmes stables et autosuffisants et à produire de la nourriture en renforçant l’écosystème”. Soit une nouvelle façon de concevoir la terre qui pourrait pallier les nombreux défis auxquels se confrontent aujourd’hui les Béninois.
“C’est un pays dans lequel les céréales sont les principales sources de revenus et de nutrition. Or les sols sont appauvris, il y a beaucoup d’érosion, tandis que les engrais chimiques ne nourrissent pas le sol mais pompent tout ce qu’il y a dedans pour l’amener à la plante”, s’inquiète Jean-Christophe Maisin, coordinateur d’Iles de Paix au Bénin, une ONG qui a notamment recentré ses activités sur la permaculture.“On va donc essayer de travailler sur le sol en tant que matière vivante, pour l’amener à se fertiliser lui-même.”, explique M. Maisin.
C’est tout un laboratoire de nouvelles techniques d’agriculture qu’amis sur pied ce groupement de paysans, soutenus par l’ONG Iles de Paix. Là, on constitue un compost qui servira à amender la terre. Plus loin, deux fosses fumières permettent de remuer plus aisément le compost en décomposition en le passant de l’une à l’autre. Là encore, trône un tas de paille, utilisée pour protéger la terre contre les rayons du soleil, maintenir plus longuement l’humidité, protéger la terre contre l’érosion éolienne et empêcher le développement des “mauvaises herbes”. Au fond, une petite rivière, où baigne tranquillement un crocodile fournit l’eau nécessaire pour humidifier les fosses compostières et arroser les périmètres maraîchers. Sur, le côté, s’étend la plantation de piments, arrosée par un système de goutte à goutte, où des tuyaux percés amènent l’eau directement près de la plante afin de réduire les pertes. “Les engrais chimiques coûtent très cher, donc nous essayons de nous tourner vers des engrais naturels”, raconte une paysanne. “Et on voit les résultats, on a un bien meilleur rendement !”, se réjouit-elle.