« Habille-nous Africa »: La mode africaine, reine d’une filière sans trône

« Habille-nous Africa »: La mode africaine, reine d’une filière sans trône

En marge des défilés, Noémie Lenoir s’est interrogée sur la filière de la mode encore très artisanale en Afrique alors qu’elle influence les plus grands couturiers en Europe et au-delà. Le résultat de ses recherches au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Sénégal est à découvrir dans Habille-nous Africa**, un documentaire diffusé ce mercredi sur TV5 Monde (vidéo ci-dessous).

Jean-Paul Gaultier, Paco Rabanne, Valentino, Yves Saint-Laurent, Christian Lacroix, Hermès, Stella MacCartney… Les plus grands noms de la mode s’inspirent des tissus, matières et motifs africains. Pourtant les créateurs du continent n’ont pas pignon sur rue à Paris, New York ou Milan. Ce constat en forme d’interrogation est le point de départ du film Habille-nous Africa réalisé par Noémie Lenoir pour TV5 Monde.

Longtemps mannequin pour Victoria’s Secret ou pour Balmain (photo), notamment, passionnée par son métier et ses artisans, Noémie Lenoir a entrepris un tour des principaux pays africains qui tentent de se faire connaître à l’international : Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun… Dans ce documentaire en deux parties, la jeune femme remonte la chaîne de fabrication du vêtement : de la récolte du coton jusqu’à la création de l’habit lui-même.
Un long parcours de recherches qui lui a permis de rencontrer les acteurs de la filière pour comprendre ses paradoxes, ses problématiques socio-économiques et ses réussites.

Tout part d’un premier constat : comment se fait-il qu’il ne subsiste pratiquement plus d’usine de transformation du coton sur le continent alors même que l’Afrique est la principale terre de production de cette indispensable matière première ? « Quel pourcentage de la récolte part directement à l’export ? Comment travaillent les tisserands ? Quels sont les symboles ancestraux qui se cachent derrière les motifs ? Qui sont les stylistes en vogue ? » En une phrase : comment se porte la mode en Afrique ?

Le Burkinabé a qui a habillé Mandela, la Sénégalaise qui a habillé Beyoncé

Au fil de ses voyages, on croise notamment le créateur burkinabé Pathé’ O rendu célèbre par son client le plus éminent : l’ancien président d’Afrique du Sud, Nelson Mandela. Mais aussi de nombreuses stylistes et femmes d’affaires, telle la Sénégalaise Collé Sow Ardo ou la Camerounaise Anna NGann Yonn qui se battent pour que ce secteur, jadis florissant, redevienne un levier de développement dans leurs pays respectifs. A l’image de la Sénégalaise Selly Raby Kane (photo ci-dessous) qui a habillé Beyoncé.

Quand on voit l’élégance des Sénégalaises, des Ethiopiennes et des Burkinabées – pour ne citer que ces exemples – ou la sape pratiquée par les Congolais et les Ivoiriens, notamment, on comprend mal comment la mode africaine si présente dans l’inspiration de tant de créateurs européens n’a pas encore connu une percée mondiale.

L’espoir, pourtant, est de mise car de plus en plus de jeunes créateurs ayant fait leurs études en Europe et aux Etats-Unis reviennent sur le continent africain pour développer leur marque et leur savoir-faire, entraînant une professionnalisation de la filière. Et de nombreux mannequins et stylistes très présents sur Instagram pourraient aussi changer la donne…

C’est ce que l’on découvre au fil des deux épisodes diffusés à travers le monde sur toutes les chaînes de TV5Monde, à voir ce mercredi à 21h (heure de Paris) ou à 22h (heure de Beyrouth) dans tout le Maghreb. Le film sera aussi disponible dès le 11 avril sur le site TV5Monde Plus.

Même si le documentaire aurait mérité une trame plus pop et créative, il pointe bien les enjeux d’un secteur délaissé qui pourrait être pourvoyeur de milliers d’emplois, mais qui se cherche encore un trône.

Karin Tshidimba

Photo du haut: Vincent Boisot pour TV5 Monde

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