L’artiste belgo-congolais fait mouche avec son nouveau court métrage Zombies, miroir de son album 137 avenue Kaniama. Tourné à Kinshasa, le film, disponible en ligne, tourne en dérision notre époque hyper connectée sans oublier de revisiter nos liens étroits avec la tradition (vidéo ci-dessous). Mise à jour (07/05): Zombies a remporté le grand prix du jury au 65e Festival international du court métrage d’Oberhausen
Les visuels hallucinés et ultra-maîtrisés de son album 137 avenue Kaniama nous mettaient déjà sur la piste d’un mélange bien balancé et esthétiquement détonant entre tradition et modernité. Un univers renvoyant à l’art pictural par le choix des couleurs et à l’art photographique par celui des contrastes.
Avec son court métrage Zombies incluant les univers de trois de ses plus récents titres (Spotlight, Glossine et Ciel d’Encre) Baloji démontre une fois de plus sa maestria en matière de mariage d’images et de sons. La lumière bleutée des écrans y rivalise avec les éclats fulgurants du dance floor tandis que les tenues aux touches traditionnelles n’empêchent pas les dérives ultra-contemporaines. Apparaissant au gré des scènes parmi la foule, les danseurs ou les comédiens de Kinshasa, l’auteur fait sien, tout en le déjouant, le jeu des apparences.
Société hyperconnectée, solitude renforcée
Grâce à son court métrage Zombies, présenté en avant-première à Bozar en février dernier, les tableaux imaginés pour la pochette de son nouvel album, prennent vie devant nos yeux et nous interpellent. « Que faisons-nous de nos vies soumises à l’emprise des technologies, entre partages, selfies et débauches de « like » ? Qu’advient-il de nos relations et de notre rapport au monde s’il passe toujours à travers nos écrans et nos téléphones ? » Un questionnement, face à notre époque hyperconnectée faite de sollicitations incessantes, où règnent solitude, mirages et faux prophètes, auquel le musicien, à la fois auteur, compositeur, styliste et réalisateur, est directement confronté en tant qu’artiste.
Créateur multifacette, depuis sa découverte des graffitis et ses premiers pas dans le hip-hop liégeois jusqu’à l’écriture et la direction artistique de ses deux courts métrages, Kaniama Show et à présent Zombies, Baloji trace inlassablement sa route malgré les soucis (financiers) et les embûches. Des qualités qui ne doivent pas faire oublier que l’homme est aussi un musicien ayant réussi la fusion d’influences multiples (afrobeat, rumba, rap, électro) et un incontestable showman.
C’est à Kinshasa que ce Belgo-Congolais originaire de Lumbubashi est allé donner vie à son nouveau projet. Une ville où il revient sans cesse, que ce soit pour donner des concerts, réaliser ses clips, filmer la cité, rencontrer d’autres artistes ou créer. Un lieu où il confronte son inspiration aux vibrations de la population.
Baloji: Zombies – NOWNESS from NOWNESS on Vimeo.
Le voyage de ses Zombies dure quatorze minutes seulement et le temps passe bien trop vite pour qu’on puisse noter toutes les trouvailles visuelles, les clins d’oeil, la gamme des couleurs, les métaphores et les fulgurances. Comme pour l’album qui l’a inspiré, il ne reste qu’une solution face à ce court métrage: le faire tourner et défiler encore…
C’est aussi l’occasion rêvée, si vous ne l’avez pas encore fait, de découvrir son album dont une version mixtape, baptisée Kaniama, The Yellow version, sortira chez Bella Union le 3 mai prochain.
Karin Tshidimba