Fespaco: faire briller le 7e art africain malgré les menaces terroristes

Fespaco: faire briller le 7e art africain malgré les menaces terroristes

Jusqu’au 2 mars, Ouagadougou s’affirme, coûte que coûte, comme la capitale mondiale du cinéma du continent noir à travers le Festival panafricain du cinéma. Le gouvernement burkinabé n’entend laisser personne gâcher l’édition du 50e anniversaire.

L’entrée en scène d’Isaac de Bankolé (vu notamment récemment dans le film Black Panther) et de l’autre grand acteur ivoirien Sidiki Bakaba, a été très applaudie dimanche soir sur l’Esplanade face à l’Hôtel de Ville de Ouagadougou. Il faut dire que les invités attendaient impatiemment les stars de cette « Celebrities Night » dont l’arrivée avait été annoncée par un ballet de longues limousines blanches. Jouant la carte de l’authenticité en référence à l’héroïne burkinabée qui prête sa silhouette à la statuette de la récompense suprême – l’Etalon d’or de Yennenga (photo) -, les deux acteurs ont fait leur entrée sur des chevaux fièrement harnachés, entourés de trois cavalières représentant la fameuse princesse Mossi de la légende.

La statuette de l’Etalon d’Or récompense les meilleurs film, acteur, actrice et réalisateur ou réalisatrice dans chaque catégorie

Valoriser les talents du continent, c’est bien l’un des principaux enjeux du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), mot d’ordre repris et amplifié par les Celebrities days organisés par deux maisons de production, AG production et Africasting, cornaquées par un trio de femmes entrepreneures bien connues sur la place de Ouaga. Jusqu’au 2 mars prochain, les acteurs, actrices réalisateurs et réalisatrices seront mis à l’honneur notamment à travers un pavillon dédié. De quoi nourrir les rêves d’une nouvelle génération.

Résister grâce à l’art et à la culture

Malgré un climat tendu et les menaces d’attentats qui pèsent principalement sur le nord et l’est du pays, l’Etat burkinabé n’entend pas laisser gâcher la fête du 50e anniversaire du « Fespaco ». D’autant qu’il s’agit de mesurer le chemin parcouru depuis sa création, en 1969, dans la foulée des principales indépendances africaines et de la naissance des Journées cinématographiques de Carthage qui avaient ouvert la voie au Nord du continent dès 1966.

Malgré la fatigue des membres des service d’ordre et les mesures de sécurité renforcées sur tous les sites de la manifestation, Ouagadougou refuse de se laisser dicter sa conduite en matière d’art et de culture, bien décidé à défendre chèrement son titre de capitale mondiale du cinéma africain. La ville a fait de son mieux pour rassurer les touristes et les festivaliers alors que de nombreuses ambassades déconseillaient à leurs ressortissants de se rendre au Burkina Faso.

Malgré les fouilles, les portiques et les routes barrées, les festivités ont été maintenues. Et cela même si certaines stars, américaines et autres dûment invitées, n’ont finalement pas répondu à son appel, sans doute par crainte des questions de sécurité.

Sur place, les fouilles sont pourtant généralisées comme c’est le cas dans beaucoup de festivals musicaux ou de cinéma européens. On note aussi une forte présence de militaires en armes dans la ville et autour des différents lieux du festival. Des dispositifs qui font penser aux situations vécues à Nice, Paris ou Bruxelles mais qui s’estompent rapidement lorsque les images envoûtent le grand écran.

Isaach de Bankole lors de la première du film « Black Panther » au Dolby Théatre d’Hollywood, en janvier 2018.

Défendre une grande fête populaire

Avec des projections organisées dans les écoles et devant les maisons des jeunes, dans les villages et les communes rurales en plus des salles de la capitale (Cinéma Burkina, Cinéma Neerwaya, Institut français et Cenasa), le Fespaco démontre sa volonté de rester une grande fête populaire.
Avec sa cérémonie inaugurale gratuite qui a eu lieu samedi soir dans le stade municipal du 4-août – retransmise en direct sur la RTB (la chaîne publique burkinabée, à ne pas confondre avec sa consoeur belge) -, l’idée n’a pas changé depuis les origines. Elle s’accompagne de spectacles d’adresse (cavaliers et gymnastes), de danse et de concerts. Comme celui du groupe ivoirien Magic System, ou du Ballet rwandais symbole du pays d’honneur de cette 26e édition.

Karin Tshidimba, à Ouagadougou

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