Bien que malmenée, la coalition sortante est reconduite par un corps électoral réduit à 6 millions d’électeurs (sur 23 millions d’inscrits).
Les chiffres définitifs doivent encore être annoncés par le Conseil constitutionnel. Mais la presse a d’ores et déjà publié les résultats officiels des élections législatives algériennes du 4 mai. Si la victoire de la coalition au pouvoir ne faisait pas l’ombre d’un doute, la chute pressentie du FLN (Front de libération nationale), la principale composante de celle-ci, s’est révélée bien plus nette que prévu. Le parti du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis l’indépendance, perd une cinquantaine d’élus, payant le prix fort des nombreux scandales de corruption qui l’ont touché ces dernières années. Le FLN obtient 164 mandats de députés (contre 220 il y a cinq ans) à l’Assemblée nationale populaire, qui en compte 462. Il rempile avec son partenaire dans la coalition sortante, le RND (Rassemblement national démocratique), dont la belle progression permet au tandem de conserver la majorité pour gouverner le pays. Cette formation, dirigée par le chef de cabinet du Président, Ahmed Ouyahia, a obtenu 97 sièges, au lieu de 70 lors de la dernière législature. La nouvelle majorité se réduit donc à 261 députés (contre 290), ce qui ne l’empêchera pas de dominer largement les débats dans la chambre basse du Parlement algérien.
L’affaiblissement relatif de la coalition est le principal enseignement du scrutin du 4 mai, qui se déroulait sur fond de crise économique dans cet Etat biberonné à la rente pétrolière -aujourd’hui anémique en raison de cours du pétrole au plus bas – et de succession présidentielle latente, compte tenu de l’état de santé précaire de M. Bouteflika.
Le désintérêt de la population pour les affaires publiques, largement aux mains d’une oligarchie économique, s’est reflété dans une abstention record: quelque 15 des 23 millions d’Algériens ont boudé les urnes (63%, sans compter ceux de l’étranger, précise le ministère de l’Intérieur), soit encore cinq points de plus qu’en 2012 où le taux d’abstention s’était élevé à 57%, au total. Et sur les 8 millions de votants, 2 millions se sont abstenus. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui avait tenté de mobiliser la population en masse, « sort affaibli » de ce scrutin, écrivait lundi le journal « El Watan », posant clairemement la question de sa reconduction.
Autre enseignement de ces élections, la progression – quoique plus contenue qu’envisarée – des partis islamistes, qui totalisent 67 sièges de députés. C’est sept mandats de plus qu’en 2012, année où ils avaient enregistré leur plus mauvais score depuis le premier scrutin pluraliste en 1990. La principale coalition islamiste a accusé les deux partis vainqueurs de fraudes à grande échelle, évoquant des bourrages d’urnes, des menaces et des violences. Abderrazak Makri, le patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui a présenté des listes communes avec le Front du changement (FC), a insisté sur le fait que sept bureaux de vote sur dix étaient dépourvus d’observateurs chargés de superviser les opérations. Pour M. Makri, qui a annoncé le dépôt de recours en justice, « sans fraude », sa coalition aurait atteint les 120 sièges, au lieu des 33 obtenus.