Felwine Sarr, une vie irriguée par la poésie et l’économie

Felwine Sarr, une vie irriguée par la poésie et l’économie

L’écrivain, compositeur et universitaire sénégalais sera au centre de la soirée événement organisée ce mardi au Théatre National à Bruxelles. L’occasion de mieux découvrir l’homme, auteur d’Afrotopia, coauteur du rapport sur la restitution du patrimoine africain et cocréateur des Ateliers de la pensée à Dakar. Il sera accompagné, mardi soir, de deux artistes du Burkina Faso: le comédien Etienne Minoungou et le musicien Simon Winsé

Ces trois-là forgent leur complicité depuis quelques années déjà. Mardi soir, ils seront à Bruxelles, à l’instigation des Midis de la poésie, pour une soirée exceptionnelle : Felwine Sarr (auteur), Étienne Minoungou (comédien) et Simon Winsé (musicien) y parleront de leur façon d’« habiter le monde poétiquement ». Une « mission » déjà explorée au fil de leurs créations.

« Étienne m’avait invité aux soirées partage à Ouagadougou dans le cadre (du festival de théâtre, NdlR) Les Récréatrales en 2016 ; je l’ai convié aux Ateliers de la pensée à Dakar en 2017. Cette année, j’ai écrit Traces, qui est un discours aux nations africaines, une pièce produite par le directeur du Théâtre de Namur. C’est Étienne Minoungou qui la joue. Il en a fait une lecture à Ouagadougou et la première a eu lieu lors de l’ouverture du Musée des civilisations noires à Dakar (inauguré le 6 décembre dernier, NdlR), Simon Winsé en signe la musique. »

Convoquer Aimé Césaire et René Char

Homme aux multiples talents, Felwine Sarr n’est pas seulement l’économiste de renom, auteur d’Afrotopia, essai inspirant sur le présent et le devenir de l’Afrique. À côté de sa charge de professeur à l’université Gaston Bergé de Saint-Louis au Sénégal, il est aussi le coauteur du rapport sur la restitution du patrimoine africain rendu il y a peu au président Macron. Deux facettes de son activité prolifique qui prennent leur source dans les espoirs et les réflexions qu’il exprime depuis l’enfance à travers ses textes, poétiques ou non.

« Les Midis de la poésie m’ont contacté parce qu’ils ont lu mon recueil de poésies Inshindenshin et mon livre Habiter le monde. Ils voulaient que je parle de mon rapport à la poésie et que je propose une lecture d’autres auteurs. C’est comme cela que le programme a été façonné. » Le texte inédit de Felwine Sarr sera suivi d’un dialogue entre Aimé Césaire et René Char, porté par la voix du comédien Étienne Minoungou (photo du bas) et par la musique de Simon Winsé (photo ci-dessous).

Théâtre, essai, poésie, musique, économie : comment combiner une telle diversité au sein d’une même vie ? « Lorsque je fais de l’économie, j’essaie de bien le faire et d’être incontestable pour qu’on ne dise pas que c’est l’artiste qui joue à l’économiste. » Une thèse, une agrégation, une importante recherche publiée, l’encadrement de thèses et plusieurs prix de recherche en économie ont permis de dissiper tout « malentendu ».

L’écriture se glisse entre ces différentes activités. Dans les temps de voyage ou les rencontres. « Cela s’inscrit dans la durée, cela travaille dans les profondeurs de l’être pendant que l’on fait autre chose. Parfois une phrase musicale ou un vers frappe à la porte, ils grandissent jusqu’à ce que je sente qu’ils sont prêts à être couchés sur le papier. À ce moment-là, je me dégage du temps, je me pose et j’essaie d’écrire. Je sens quand le travail n’est pas encore mûr. Après, c’est une question d’organisation. Avec le temps, on apprend à percevoir les différents temps qui nous traversent » , confie Felwine Sarr, conscient que la pratique des arts martiaux et le fait d’être fils de militaire lui donnent cette rigueur qui permet de combiner recherche universitaire et création artistique.

Les prémices d’une passion

« L’écriture est venue bien avant l’économie, dès l’âge de 10-12 ans, je raconterai d’ailleurs mardi à Bruxelles comment je suis arrivé à l’écriture. La musique est venue à l’adolescence. » C’est à l’université que Felwine Sarr découvre l’économie, alors que son bac scientifique et mathématique le destinait à des études d’ingénieur. « Mon désir profond était de faire de la littérature et de la philosophie mais, ayant été programmé pour faire des études scientifiques, j’ai trouvé un compromis : l’économie est une science humaine et sociale et elle a un fort contenu mathématique. Ayant déjà une pratique d’écriture et artistique bien ancrée, je l’ai poursuivie tout en faisant mes études d’économie. »

Comment cette passion est née dans une famille qui ne partageait pas « cette terre d’exploration » ? « Quels chocs esthétiques sont à l’origine de cette vocation ? » Ce sont quelques-unes des clés que Felwine Sarr livrera mardi dès 20h30 au Théâtre National… Mais les lecteurs de son recueil de nouvelles 105 rue Carnot auront sans doute déjà débusquer les parallèles avec Comme une mélodie et son personnage âgé de 12 ans…

Karin Tshidimba

Renseignement et réservations sur le site du Théâtre National à Bruxelles.

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