Le Gabon sans Président

Le Gabon sans Président

 
Par Marie-France Cros.
 
Le Comité consultatif du parti au pouvoir au Gabon, le Parti démocratique gabonais (PDG) a appelé jeudi le gouvernement de Libreville à apporter des éclaircissements sur l’état de santé du président Ali Bongo, 59 ans, hospitalisé depuis quinze jours à Ryad pour une “grande fatigue”.

 
Ce comité constate qu’il est nécessaire de “rassurer le public”, alors que des rumeurs – et montages vidéo – sur la mort du chef de l’Etat pourraient “promouvoir la haine et les divisions”. 
 
Arrivé en Arabie le 23 octobre pour y assister au “Davos du désert”, le président Bongo y a été hospitalisé le 24. Son porte-parole a évoqué une “grande fatigue” – puis plus rien. Dès le 29 octobre, l’agence Reuters, sur base de  “deux sources”, évoquait un AVC, information  reprise cette semaine par l’AFP.
 
Pourra-t-il encore gouverner?
 
On ne dispose toutefois pas d’information claire sur les éventuelles séquelles de cet AVC: Ali Bongo sera-t-il encore capable de gouverner? Et si oui, quand? Sera-t-il maintenu au pouvoir malgré d’éventuelles atteintes importantes à ses capacités, comme cela se fait en Algérie avec le président Bouteflika?
 
Un calme inquiet règne au Gabon, où les citoyens  redoutent la guerre de clans que vont déclencher les ambitions des membres de la famille Bongo – qu’ils participent au pouvoir ou évoluent dans l’opposition, car les principales figures de la politique gabonaise sont apparentées au patriarche Omar Bongo, décédé en 2009. Va-t-on vers une nouvelle version de la guerre des Atrides? 
 
Jean Ping, ex-beau-frère d’Ali Bongo et son rival malheureux à la présidentielle contestée de 2016, vient de sortir de plusieurs mois de silence pour appeler au “rassemblement”, sans citer le nom du Président absent.
 
Une affaire de famille
 
La première épouse du président Ali Bongo (musulman, il a droit à plusieurs femmes; il a épousé la première en 1989 et la seconde en 1994 – une Américaine qui a demandé le divorce en 2015), née Sylvia Valentin et française, semble cacher l’état de santé de son époux. Elle a encore attisé les questionnements en changeant récemment sur son site la photo en couleurs qui la représentait avec Ali Bongo pour un cliché du couple en noir et blanc.
 
Selon la publication spécialisée “La Lettre du Continent”, une “troïka” assure la continuité de l’Etat, composée du colonel Frédéric Bongo, demi-frère du malade, chargé de la sécurité; de Brice Laccruche, directeur du cabinet présidentiel, chargé de gérer les affaires courantes; et de Marie-Madeleine Mborantsuo, mère de demi-frères d’Ali Bongo et présidente de la Cour constitutionnelle, chargée de garantir le respect de l’ordre constitutionnel.
 
C’est cette dernière qui doit – ou non – constater la vacance du pouvoir et ouvrir ainsi la voie à une transition dirigée par la présidente du sénat. Toutefois celle-ci, Lucie Milebou-Aubusson, serait la belle-mère du fils de Jean Ping…

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