Fin du suspense en République démocratique du Congo, Joseph Kabila ne devrait pas être candidat à un troisème mandat, la majorité présidentielle est enfin parvenue à s’entendre sur le nom d’Emmanuel Shadary. Joseph Kabila, lui, continue de se murer dans le silence.
Ancien gouverneur du Maniema, cet homme de 58 ans, fait partie du premier cercle du pouvoir. Il a été vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de 2016 jusqu’au mois de février dernier avant d’être remplacé à ce poste par Henri Mova, ancien ambassadeur de la RDC en Begique.
Quelques jours après ce jeu de chaise musicale, Shadary sera désigné comme secrétaire général permanent du PPRD, le parti de Joseph Kabila. Une belle promotion en cette année d’élection présidentielle. L’homme connaît tous les rouages de la machine kabiliste et il a le soutien des faucons du parti qui n’entendaient pas partager le pouvoir avec des hommes venus d’autres mouvances politiques.
La majorité a peiné pour s’entendre sur ce nom qui, s’il envoit un gage de continuité aux tenants du pouvoir en place, traîne quelques dossiers vis-à-vis des autres formations, même de la majorité, et de la communauté internationale.
Emmanuel Shadary était ainsi le vice-Premier ministre et le ministre de l’Intérieur lors des massacres au Kasaï (42 fosses communes) mais aussi lors de l’assassinat des deux experts des Nations unies.
Sur la liste des sanctions européennes
Son nom se retrouve sur la liste des personnalités sanctionnées par l’Union européenne le 29 mai 2017. « L’UE a sanctionné huit responsables pour avoir contribué, en les planifiant, dirigeant ou commettant, à des actes constituant de graves violations des droits de l’homme« , peut-on lire dans un rapport de Human Rights Watch. Parmi ces noms : « Kalev Mutondo, directeur de l’Agence nationale du renseignement; Évariste Boshab, ancien vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la sécurité; Ramazani Shadari, actuel vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la sécurité; Gédéon Kyungu Mutanga, chef d’une milice; Muhindo Akili Mundos, commandant de l’armée; le général de brigade Éric Ruhorimbere, autre commandant de l’armée; Jean-Claude Kazembe Musonda, gouverneur de la province du Haut-Katanga; et Alex Kande Mupompa, gouverneur de la province du Kasaï-central. Le neuvième, le ministre de la communication et des médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a été décrit comme « responsable de la politique répressive menée envers les médias » en RD Congo, « politique qui viole le droit à la liberté d’expression et d’information et compromet une solution consensuelle et pacifique en vue de la tenue d’élections« .
Dans les partis « frères » du PPRD, on se souvient aussi que Shadary était de ceux qui, lors de la présetation de la nouvelle architecture du PPRD, avec Henri Mova, Aubin Minaku et Corneille Nangaa sur scène, avaient déclaré qu’ils n’entendaient pas « partager le gâteau avec les autres partis ».
Les faucons de la Kabilie ont imposé leur candidat. Depuis de longues semaines, Shadary parcourt le pays, invective les adversaires du régime et distribue les billets comme des petits pains. Un cacique du régime dont la popularité ne doit pas excéder un nombre à un chiffre.
L’ex-gouverneur du Maniema, s’il veut donner le sentiment qu’il a réellement des chances d’être élu à la présidentielle va devoir mener une campagne de terrain intensive.