Par MFC.
Le lanceur d’alerte américain « The Sentry », créé par l’ONG Enough Project de George Clooney et John Prendergast et destiné à dénoncer « ceux qui financent et profitent des pires conflits en Afrique », a lancé jeudi 4 mai de nouvelles accusations contre la banque BGFI en République démocratique du Congo (RDC), liée à la famille Kabila. Selon « The Sentry », la banque aurait, en connaissance de cause, continué à abriter des comptes en banque de la société Congo Futur, visée par des sanctions américaines pour ses liens avec le Hezbollah, considéré comme un groupe terroriste par Washington.
The Sentry, en collaboration avec la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), a « consulté et analysé » des documents qui révèlent « qu’en 2016, la BGFIBank RDC continuait d’héberger des comptes aux avoirs importants appartenant à des sociétés détenues ou contrôlées par le groupe Congo Futur », visé par des sanctions du département du Trésor américain parce qu’il est « détenu ou contrôlé par des bailleurs de fonds du Hezbollah », un parti politique libanais considéré comme terroriste par Washington.
Une banque liée aux Kabila
The Sentry souligne que la banque BGFI de RDC « est dirigée par Francis Selemani Mtwale – le demi-frère du président Kabila – et, selon les rapports d’audit consults par The Sentry, détenue à 40% par la sœur du chef de l’Etat, Gloria Mteyu ». Cette dernière a nié en novembre 2016 auprès de l’agence financière Bloomberg, posséder des parts de la banque, déclarant y détenir seulement un compte; mais dans son rapport 2017, le Groupe d’Etude sur le Congo, lié à l’université de New York, affirme que la filiale congolaise de la BGFI « est détenue à 40% » par Mme Mteyu.
The Sentry et PPLAAF font mention de « 15 comptes, appartenant à cinq sociétés signalées comme étant des filiales de Congo Futur »: Atlantic Trading Company (ATCOM), Cotrefor, Kin Trading, Pacific Trading et Glory Group. La première et la dernière « ont été reconnues comme faisant partie des principaux détenteurs de compte de la BGFIBank RDC en termes d’avoirs, en juin 2016 ».
Malgré les avertissements
Les accusateurs indiquent que ces filiales se servaient de leurs comptent pour des virements bancaires « alors même que des employés de la banque avaient signalé à plusieurs reprises le fait que cela constituait une entorse aux sanctions américaines » au patron de l’établissement, M. Selemani.
Ces ONG demandent au département américain du Trésor d’enquêter sur ces transactions et, au besoin, d’interdire « l’ouverture ou le maintien d’un compte correspondant aux Etats-Unis pour, ou pour le compte de, la BGFIBank RDC ». Les « cellules de renseignement financier européennes » doivent faire de même. Les banques américaines et étrangères qui travaillent avec la BGFI « doivent prendre les mesures nécessaires afin de ne pas être impliquées » dans des opérations illégales. Et des « sanctions ciblées » doivent être « imposées et mises en œuvre » par les Etats-Unis et l’Union européenne.