RDC: le Botswana accentue la pression sur Kabila

RDC: le Botswana accentue la pression sur Kabila

Par Marie-France Cros.

Peu avant une réunion de la double troïka de la SADC (communauté d’Afrique australe, dont la République démocratique du Congo est membre), le 24 avril, le nouveau président du Botswana a accentué la pression sur son homologue congolais hors mandat, Joseph Kabila, en faveur d’une alternance au pouvoir.

La SADC a prévu mardi prochain, le 24 avril, une réunion de la double troïka sur le Congo. Il s’agit de la troïka de la SADC (Afrique du Sud, Swaziland, Namibie) et de la troïka de son organe de sécurité (Angola, Tanzanie, Zambie), chargé de trouver des solutions aux conflits et crises dans la région. Selon le secrétariat exécutif de la SADC, il s’agira de « entre autres, passer en revue et considérer la situation politique et sécuritaire en RDC, y compris son processus électoral et l’appui requis par la RDC ».

 

Si les autorités congolaises ont indiqué à plusieurs reprises exclure tout financement « extérieur » du processus électoral, selon des informations de La Libre Afrique.be jusqu’ici non confirmées officiellement, elles auraient en effet tout de même demandé l’appui de pays voisins. Ceux-ci sont cependant fatigués des désordres croissants au Congo, qui déversent chez eux des arrivages réguliers de Congolais cherchant refuge contre des violences de divers types.

Nous sommes capables

Alors qu’au début du mois Luanda a averti Kinshasa que la région n’accepterait pas de nouveau retard des élections en RDC (dues pour décembre 2016 et reportées plusieurs fois), annoncées maintenant pour le 23 décembre 2018, c’est le nouveau président du Botswana qui a pris sévèrement position contre les projets de Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir.

Interrogé mercredi, en marge du sommet du Commonwealth, à Londres, par l’Institut international d’études stratégiques (IISS), M. Eric Mokgweetsi Masisi – au pouvoir depuis le début de ce mois – a indiqué : « Nous, en Afrique, en particulier en Afrique australe, nous sommes capables de trouver une solution au problème auquel la RDC fait face ». Et le chef de l’Etat botswanais – ancien ministre de l’Education, des Affaires présidentielles et de l’Administration publique dans son pays – de préciser: « les tensions montent en RDC. Le Président est resté au pouvoir plus longtemps que prévu et il y a de l’agitation ».

Qu’il ne reviendra pas

Masisi a trouvé « encourageant que le président Kabila ait déclaré qu’il ne se présenterait pas aux prochaines élections générales ». En réalité, Joseph Kabila ne l’a jamais déclaré lui-même, il a laissé ce soin à des alliés politiques. « Mais nous voulons l’entendre dire qu’il ne reviendra pas au pouvoir, par n’importe quel moyen que ce soit ». C’est là un pas de plus que ce qu’exigeait jusqu’ici la SADC, sans doute provoqué par les rumeurs selon lesquelles M. Kabila – qui a toujours plusieurs fers au feu pour assurer son maintien au pouvoir – prépare une modification de la Constitution en ce sens. Au début de cette semaine encore, son ancien directeur de cabinet adjoint Jean-Pierre Kambila, membre fondateur du PPRD (le parti présidentiel), a appelé à « la changer (la Loi fondamentale) et le plus vite possible ».

Ce n’est pas la seule nouvelle exigence qu’a formulée le président du très respecté Botswana. Il a en effet ajouté: « Une partie de l’instabilité sous-jacente en RDC est que ceux qui récoltent des ressources le font en dehors de l’Etat de droit ». Autrement dit, la mauvaise gouvernance du régime Kabila est en partie à l’origine de la crise – et il faut y mettre fin.

Masisi a souligné que la communauté internationale avait sa part dans l’échec de la démocratisation de la RDC. Son prédecesseur, Ian Khama, avait déjà insisté, en février dernier, pour que le monde fasse plus de pression sur Kinshasa.

 

 

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