Zimbabwe: un Crocodile au pouvoir: que peut-on en attendre?

Zimbabwe: un Crocodile au pouvoir: que peut-on en attendre?

 

Emmerson Mnangagwa a prêté serment, vendredi matin à Harare, en tant que président de la République du Zimbabwé, devant des dizaines de milliers de personnes pleines d’espérance. Mais que peut-on attendre de celui qui fut l’âme damnée de Robert Mugabe?

 

Alors qu’aucune déclaration officielle n’a expliqué pourquoi c’est M. Mnangagwa qui accède à ce poste (voir https://afrique.lalibre.be/11352/zimbabwe-les-tours-de-magie-du-changement-de-president/) bien qu’il n’en ait constitutionnellement pas la capacité, le vice-Président limogé a prêté serment comme chef de l’Etat dans un stade comble.

 

Des dizaines de milliers de personnes ont suivi la cérémonie au stade ou devant un écran, tant est grand l’espoir que l’avènement du nouveau chef d’Etat enraie la descente aux enfers entamée par le Zimbabwe il y a 17 ans, lorsque, menacé d’être battu aux élections par l’opposition, le président Robert Mugabe avait lancé une « réforme agraire » pour relancer sa popularité d’ancien combattant de la guerre d’indépendance contre le régime raciste blanc de Ian Smith. Mal préparée et non financée, cette « réforme agraire » avait exproprié les grands fermiers zimbabwéens blancs dont la production faisait du pays le grenier de l’Afrique australe, au profit de proches du président Mugabe (son épouse, Grace, serait propriétaire de six de ces fermes), et de familles de noirs sans terre qui, toutefois, sans matériel ni formation, n’en tiraient qu’une piètre alimentation de subsistance.

 

 

Cheville ouvrière de la répression

 

La crise économique ainsi lancée avait fait plonger le pays dans une régression sociale sans précédent (90% de chômage; quelque 3 millions de personnes sur les 17 millions d’habitants se seraient exilées pour trouver de quoi vivre), tandis que le régime Mugabe compensait par la répression ce qu’il était incapable de fournir en développement: persécution de toute voix dissonante, multiplication des arrestations et rapts d’opposants ou supposés tels, violations des droits de l’homme; des dizaines de milliers de personnes ont été torturées, ont disparu ou ont été tuées.

 

Emmerson Mnangagwa a été la cheville ouvrière de cette répression, en tant que chef des services de sécurité ou ministre de la justice, selon les époques, tout comme il avait dirigé, dès 1983 – trois ans après l’indépendance – les massacres par l’armée dans les provinces dissidentes du Matabeleland et des Midlands, avec un bilan estimé à 20.000 morts. C’est lui également qui avait mis au point les montages financiers qui avaient permis à lui-même et aux chefs de l’armée – qui lui en sont reconnaissants, comme le prouve le coup de force du 15 novembre – de s’enrichir, au Zimbabwe et en République démocratique du Congo (https://afrique.lalibre.be/11086/le-futur-president-du-zimbabwe-a-pille-le-congo/) alors que le pays connaissait des taux d’inflation historiques (231 millions de pour cent en 2009).

 

« Une nouvelle démocratie »

 

C’est cet homme-là qui a assuré, mercredi dernier, que les Zimbabwéens étaient « les témoins du début d’une nouvelle démocratie » et promis « des emplois, des emplois, des emplois » – une perspective qui a, bien sûr, soulevé l’enthousiasme de la population.

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que Harare devait agir vite pour sortir son économie du trou et accéder à nouveau à l’aide financière internationale. Interviewé par Reuters, le chef de mission au Zimbabwe, Gene Leon, a jugé les dépenses du gouvernement et la dette extérieure trop élevées et appelé à des réformes structurelles. Selon lui, il est important d’engager « une action immédiate pour réduire le déficit à un niveau soutenable, accélérer les réformes structurelles et renouer avec la communauté internationale pour avoir accès à une aide financière dont le pays a un grand besoin ».

Emmerson Mnangagwa a prêté serment, vendredi matin à Harare, en tant que président de la République du Zimbabwé, devant des dizaines de milliers de personnes pleines d’espérance. Mais que peut-on attendre de celui qui fut l’âme damnée de Robert Mugabe?

 

Alors qu’aucune déclaration officielle n’a expliqué pourquoi c’est M. Mnangagwa qui accède à ce poste (voir https://afrique.lalibre.be/11352/zimbabwe-les-tours-de-magie-du-changement-de-president/) bien qu’il n’en ait constitutionnellement pas la capacité, le vice-Président limogé a prêté serment comme chef de l’Etat dans un stade comble.

 

Des dizaines de milliers de personnes ont suivi la cérémonie au stade ou devant un écran, tant est grand l’espoir que l’avènement du nouveau chef d’Etat enraie la descente aux enfers entamée par le Zimbabwe il y a 17 ans, lorsque, menacé d’être battu aux élections par l’opposition, le président Robert Mugabe avait lancé une « réforme agraire » pour relancer sa popularité d’ancien combattant de la guerre d’indépendance contre le régime raciste blanc de Ian Smith. Mal préparée et non financée, cette « réforme agraire » avait exproprié les grands fermiers zimbabwéens blancs dont la production faisait du pays le grenier de l’Afrique australe, au profit de proches du président Mugabe (son épouse, Grace, serait propriétaire de six de ces fermes), et de familles de noirs sans terre qui, toutefois, sans matériel ni formation, n’en tiraient qu’une piètre alimentation de subsistance.

 

 

Cheville ouvrière de la répression

 

La crise économique ainsi lancée avait fait plonger le pays dans une régression sociale sans précédent (90% de chômage; quelque 3 millions de personnes sur les 17 millions d’habitants se seraient exilées pour trouver de quoi vivre), tandis que le régime Mugabe compensait par la répression ce qu’il était incapable de fournir en développement: persécution de toute voix dissonante, multiplication des arrestations et rapts d’opposants ou supposés tels, violations des droits de l’homme; des dizaines de milliers de personnes ont été torturées, ont disparu ou ont été tuées.

 

Emmerson Mnangagwa a été la cheville ouvrière de cette répression, en tant que chef des services de sécurité ou ministre de la justice, selon les époques, tout comme il avait dirigé, dès 1983 – trois ans après l’indépendance – les massacres par l’armée dans les provinces dissidentes du Matabeleland et des Midlands, avec un bilan estimé à 20.000 morts. C’est lui également qui avait mis au point les montages financiers qui avaient permis à lui-même et aux chefs de l’armée – qui lui en sont reconnaissants, comme le prouve le coup de force du 15 novembre – de s’enrichir, au Zimbabwe et en République démocratique du Congo (https://afrique.lalibre.be/11086/le-futur-president-du-zimbabwe-a-pille-le-congo/) alors que le pays connaissait des taux d’inflation historiques (231 millions de pour cent en 2009).

 

« Une nouvelle démocratie »

 

C’est cet homme-là qui a assuré, mercredi dernier, que les Zimbabwéens étaient « les témoins du début d’une nouvelle démocratie » et promis « des emplois, des emplois, des emplois » – une perspective qui a, bien sûr, soulevé l’enthousiasme de la population.

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que Harare devait agir vite pour sortir son économie du trou et accéder à nouveau à l’aide financière internationale. Interviewé par Reuters, le chef de mission au Zimbabwe, Gene Leon, a jugé les dépenses du gouvernement et la dette extérieure trop élevées et appelé à des réformes structurelles. Selon lui, il est important d’engager « une action immédiate pour réduire le déficit à un niveau soutenable, accélérer les réformes structurelles et renouer avec la communauté internationale pour avoir accès à une aide financière dont le pays a un grand besoin ».

Vendredi, le nouveau Président a promis “des emplois pour notre jeunesse” et s’est engagé à protéger les investissements étrangers – menacés par la politique de Robert Mugabe, que M. Mnangagwa soutenait jusqu’à son éviction, le 6 novembre dernier.

 

Il a aussi lancé: “Les actes de corruption doivent cesser sur le champ”. On ignore cependant si la catastrophe économique qu’a subi le Zimbabwe a modifié les mentalités de ses dirigeants au point de changer leur comportement. Ou si la révolution de palais qui se joue devant nous ne doit servir qu’à préserver – entre kleptocrates –  les intérêts des vétérans de la lutte de libération, que menaçait la montée en puissance de la génération des quadragénaires (« G40 ») autour de Grace Mugabe.

 

Analyse par Marie-France Cros

 

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